Le 4 avril, nos confrères en Haïti nous ont informés de la situation à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, qui devenait incontrôlable et plus particulièrement de l’attaque par des bandits armés qui ont fait irruption dans le Petit Séminaire Collège Saint Martial (Brèves Nouvelles Spiritaines No 66).
Les dernières attaques de gangs et un massacre ont eu lieu aux premières heures du jeudi 3 octobre à Pont-Sondé, une ville de l’Artibonite, , dans le centre d’Haïti, où les Spiritains œuvrent depuis 1987. Profitant de la nuit, des dizaines de membres de gangs se sont approchés de la petite ville de Pont-Sondé, armés de couteaux et de fusils d’assaut, alors que les familles dormaient.
Selon l’Associated Press, le bilan de cette attaque s’élève à 115 morts. Elle constitue un des plus grands massacres qu’Haïti ait connu dans son histoire récente.
Myriam Fièvre, maire de la ville voisine de Saint-Marc, a récemment déclaré que le bilan continuerait probablement à s’alourdir car les autorités sont toujours à la recherche de corps et n’ont pas pu accéder à certaines zones de la ville.
Selon un groupe local de défense des droits de l’homme, au nombre des victimes on compte des bébés, des jeunes mères et des personnes âgées, et le gang s’est approché de Pont-Sondé à bord de canoës pour prendre les habitants par surprise.
Plus de 6 200 survivants ont fui Pont-Sondé et se sont temporairement installés dans la ville côtière de Saint-Marc et ses environs. Nos confrères de la communauté spiritaine locale ont pu s’échapper et se sont réfugiés dans la mission voisine, à environ 6 km de là, à Bocozelle.
Selon une dépêche de l’agence Fides, l’archevêque de Port-au-Prince, Mgr Max Leroy Mésidor, a exprimé, au nom de la Conférence épiscopale haïtienne, sa condamnation de cette attaque brutale et ses condoléances à la population locale. « Les gens sont épuisés. Ils demandent de l’aide à l’État… Le pays est complètement malade. Mais la situation dans l’Ouest et dans l’Artibonite, les deux plus grands départements, est encore pire », affirme Mésidor, qui se demande s’il n’y a pas un complot pour détruire ces deux territoires en particulier et le pays en général. « Depuis deux ans, la commune de Petite Rivière de l’Artibonite est abandonnée. Aucune présence policière. Il en est de même pour la ville de Liancourt. Ces deux zones où la vie était animée sont aujourd’hui envahies par le désespoir ».
Le département de l’Artibonite est considéré comme le grenier d’Haïti en raison de sa production de riz. La grave instabilité dans la région a contribué à la crise alimentaire, qui augmente encore l’insécurité, dans un pays qui semble incapable de trouver la paix. Selon un groupe d’ONG travaillant en Haïti, 5,4 millions d’Haïtiens, soit la moitié de la population, souffrent d’insécurité alimentaire grave, dont 2 millions – environ 18 % de la population – souffrent de faim sévère.
En Haïti, plus de 700 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile depuis 2023 pour échapper à la violence des gangs et à l’insécurité généralisée. Au cours du premier semestre 2024 (janvier à juin), les Nations unies ont enregistré un total de 3 638 meurtres, soit une augmentation de près de 74 % par rapport à 2023.
Nous prions pour que l’interminable et fervent appel à la paix du peuple haïtien ne soit pas ignoré et que nous continuons à être solidaires et à prier pour nos confrères en Haïti.
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