Le dimanche 29 juin, fête des deux apôtres Saint Pierre et Saint Paul, plus de 40 membres du Chapitre général élargi, après un petit déjeuner matinal à Chevilly Larue, ont pris un autocar à 6h50 qui nous a conduits à la gare Montparnasse à Paris où nous avons pris le TGV rapide de 8h22 pour Rennes afin de commencer notre pèlerinage sur les traces de Claude François Poullart des Places.
Arrivés à Rennes à 10h20, nous avons été accueillis par nos confrères Raymond Jung, Dominique B., Richard Fagah et Miriam Herveau, une associée spirituelle laïque, qui nous ont chaleureusement accueillis dans la ville natale de notre fondateur. Ils nous ont conduits à pied au centre de Rennes, à la belle église Saint-Germain, qui a joué un rôle important dans la vie de Poullart et de sa famille. Malheureusement, l’église où Claude a été baptisé le 27 février 1679 (le lendemain de sa naissance), Saint-Pierre-en-Saint-Georges, n’existe plus (le site est aujourd’hui occupé par une piscine !) et lorsque Claude avait six ans, sa famille a quitté la paroisse Saint-Pierre pour s’installer rue des Cordeliers, dans la paroisse Saint-Germain, où elle a passé les cinq années suivantes. C’est là que les membres de l’ECG ont tous participé à une messe paroissiale dominicale très animée en l’honneur de Saints Pierre et Paul, présidée par le PP, le Père Herbert, en présence d’une foule nombreuse de ses paroissiens habituels.
C’est dans cette église Saint-Germain que le jeune Poullart, entre six et douze ans, venait prier chaque semaine avec ses parents et sa petite sœur. C’est là qu’il a grandi dans la foi. Mais c’est aussi là qu’il venait prier avec son ami Louis Grignon de Montfort, qui avait six ans de plus que lui. Claude et Louis étaient particulièrement attirés par la chapelle latérale dédiée au Saint-Esprit, où, après notre messe, tous les Spiritains se sont réunis pour prier avec notre Supérieur général, le Père Alain Mayama, qui a allumé une bougie devant la plaque commémorative dédiée à Poullart, érigée en 1959 pour célébrer le 250e anniversaire de la mort du jeune fondateur.
Après la messe, nous avons marché sous le soleil jusqu’à un charmant restaurant local, La Taverne, où nous avons dégusté un excellent repas, la province française nous offrant un apéritif breton local. Après avoir repris des forces, nous avons repris notre pèlerinage, marchant sur les traces de Poullart. Notre tout premier arrêt, tout à fait approprié, fut devant la petite chapelle abritant les derniers vestiges de l’ancien hôpital Saint-Yves du XV^e siècle. C’est ici, dans cette auberge, que Claude, alors jeune garçon, prit conscience des besoins des pauvres. Sous l’influence d’un prêtre local, le père Julien Bellier, vicaire à la cathédrale, Poullart et Louis furent encouragés à rendre visite aux malades et aux infirmes de l’hôpital Saint-Yves. Membre de la nouvelle association des « Prêtres du Saint-Esprit », le père Bellier exhorta les deux amis à enseigner le catéchisme aux jeunes enfants des rues et à faire l’aumône aux orphelins. C’est ici, à l’auberge Saint-Yves, que Poullart, alors lui-même encore très jeune, développa pour la première fois sa sensibilité à l’aide aux jeunes pauvres. Nous devons beaucoup au père Julien pour cette initiative.
Nous avons poursuivi notre promenade dans les ruelles de Rennes en direction du Parlement. Il était agréable de ressentir l’atmosphère de ces vieilles ruelles, de respirer l’air breton que Poullart avait respiré il y a si longtemps. On ne saurait trop insister sur l’importance qu’a eue le fait de vivre dans ce quartier particulier de Rennes pour forger le caractère de notre jeune fondateur. Sa famille a déménagé deux ou trois fois, mais toujours dans ce petit quartier central, à quelques pas de plusieurs églises, dont la cathédrale Saint-Pierre et l’église Saint-Sauveur. Le père de Poullart, François-Claude des Places, était un homme riche qui occupait plusieurs postes importants, notamment celui de juge-garde des monnaies, et il avait installé sa famille au-dessus de son lieu de travail. Nous nous sommes donc arrêtés devant la maison de la rue de la Monnaie, où travaillait son père et où vivait la famille. Ce fut le siège central, l’Hôtel des Monnaies de Bretagne, pendant de nombreuses années, entre 1418 et 1774.
En 1690 (l’année où Claude entra au collège jésuite Saint-Thomas), la famille des Places déménagea à quelques centaines de mètres de là, rue Saint-Sauveur (probablement au numéro 5), juste à côté de l’église du même nom, mais aussi tout près de la cathédrale Saint-Pierre. Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de déterminer l’emplacement exact de la maison familiale, mais il ne fait aucun doute que les églises Saint-Germain, Saint-Sauveur et Saint-Pierre ont joué un rôle important dans la vie du jeune Poullart. Nous sommes d’abord entrés dans l’imposante cathédrale Saint-Pierre, reconnaissants de trouver un peu de fraîcheur à l’abri de la chaleur étouffante qui régnait à l’extérieur. Puis, après avoir été brièvement accueillis par le curé, nous avons fait un saut à la basilique Saint-Sauveur, où Claude et Louis Grignon de Montfort se rendaient souvent pour prier devant l’ancienne statue de Notre-Dame des Miracles et des Bonnes Vertus. Nous avons remarqué deux statues de part et d’autre de la vénérée Vierge Marie, l’une de saint Jean Eudes et l’autre de saint Louis Grignon de Montfort. Nous avons regretté qu’il n’y ait rien là pour rappeler Poullart des Places !
Après avoir traversé le pont Saint-Germain, nous nous sommes arrêtés un moment place du Parlement, admirant l’architecture du magnifique bâtiment du Parlement, où François-Claude avait espéré voir son fils Claude-François exercer sa profession. Au lieu de cela, c’est là que, à la fin de ses études au Collège Saint-Thomas, Claude, alors âgé de 19 ans, a brillamment soutenu en latin sa thèse dans le « Grand Acte » en 1698, ce qui lui a valu un prix pour les œuvres de Cicéron. Cet événement a été immortalisé dans le célèbre portrait de Poullart par Jouvenet.
Nous avons ensuite fait une petite pause dans notre périple sur les traces de Claude en prenant le métro jusqu’à la banlieue rennesienne du Gros Chêne pour visiter la nouvelle paroisse spiritane Saint-Laurent, où nous avons été accueillis par nos trois confrères Basil Dike [Nigeria], Anaclet Asingwire [Ouganda] et Michel [Cameroun]. Nous y avons été accueillis avec un excellent rafraîchissement et un accueil chaleureux par un groupe de paroissiens qui nous ont remis à chacun un sac pique-nique pour nous sustenter pendant le voyage de retour vers Paris. Leur gentillesse a été très appréciée par les pèlerins fatigués.
Reprenant notre pèlerinage dans le vieux centre de Rennes, nous avons traversé à nouveau la célèbre passerelle et sommes repassés devant l’église Saint-Germain, pour rejoindre notre destination finale : le site du Collège Saint-Thomas et son église jésuite. C’est dans cette école dirigée par les jésuites que Claude a étudié de l’âge de 11 ans à 19 ans. On ne saurait trop souligner l’importance du Collège Saint-Thomas dans la formation de l’esprit et du cœur de notre jeune fondateur. C’était une décision éclairée que de terminer notre pèlerinage à Rennes en allant prier les vêpres dans cette belle église jésuite baroque des Toussaints, attenante au collège.
Nous avons eu la surprise d’être rejoints dans l’église par l’archevêque de Rennes lui-même, Mgr Pierre D’Ornellas, qui nous a guidés dans le chant des vêpres. Avant le début des vêpres, notre confrère Raymond Jung a partagé une belle réflexion sur ce que nous devons au Collège Saint-Thomas et à ses enseignants jésuites qui ont accompagné Poullart de si près et l’ont aidé à mûrir dans sa foi et à discerner son cheminement futur entre 1690 et 1698. C’est également ici que s’est déroulée la retraite décisive qui a changé toute l’orientation de la vie de Claude.
Mgr D’Ornellas a exprimé avec beaucoup d’humour sa reconnaissance et sa joie de voir les Spiritains œuvrer dans son archidiocèse, et le père Alain Mayama a répondu en exprimant notre gratitude pour le soutien et les encouragements qu’il apporte à nos frères, et en promettant notre disponibilité pour de futurs services. Après une dernière photo avec l’archevêque dans l’église All Saints, nous avons pris le chemin du retour pour rejoindre notre train pour Paris.
À la gare, nous avons pris congé de nos confrères de Rennes – Raymond, Dominique, Richard et Myriam, puis nous avons pris le TGV pour Paris où, à Montparnasse, notre fidèle chauffeur d’autocar nous attendait pour nous ramener à Chevilly Larue où nous sommes arrivés peu avant 22 heures, chauds, fatigués et épuisés, mais ravis et reconnaissants d’avoir eu le privilège de retracer les premiers pas du fondateur des Spirituains, Claude-François Poullart des Places, né à Rennes. Ainsi s’est terminée une journée excellente et inoubliable, une grâce pour les membres de l’EGC qui ont pu participer à ce pèlerinage sur les lieux où tout a commencé.
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