Le matin du 25 juin, le Conseil général élargi a consacré sa réflexion à l’approfondissement de la mission spiritaine à travers deux expressions essentielles : Justice, Paix et Intégrité de la Création et Développement. Les rapports intitulés « L’animation Justice et Paix au sein de la mission spiritaine » et « Construire la durabilité de la mission : réflexions du Bureau Central de Développement (BCD) pour le CGE 2025 » explorent comment la Congrégation, inspirée par la vision prophétique de Bagamoyo II, renouvelle son engagement missionnaire à travers une action enracinée dans l’Esprit, un service concret et une vision structurelle.
Ces deux présentations ont mis en évidence le caractère indissociable de l’intégrité spirituelle et de la durabilité organisationnelle. L’une maintient nos cœurs en phase avec les souffrances et les espoirs du monde ; l’autre renforce notre capacité matérielle à servir. Cette vision intégrée invite tous les Spiritains à embrasser une mission à la fois prophétiquement audacieuse et structurellement solide, enracinée dans la justice du Christ, animée par l’Esprit et vécue dans la solidarité.
L’animation JPIC au sein de la mission spiritaine
Conformément aux directives de Bagamoyo II, la Congrégation a intensifié son engagement en faveur de la justice, de la paix et de l’intégrité de la création (JPIC), en mettant en place une structure à plusieurs niveaux qui s’étend du Conseil général à chaque circonscription. Un coordinateur général et des représentants locaux de JPIC veillent à ce que cette priorité imprègne les activités missionnaires et pastorales. L’objectif : défendre la justice centrée sur l’Évangile à travers la collaboration synodale et l’engagement à la base.
Le réseau JPIC des Spiritains collabore avec des partenaires locaux et internationaux, notamment VIVAT International, AEFJN, l’université Duquesne et diverses commissions JPIC d’unions religieuses. Ces partenariats permettent de mener une action mondiale en faveur des marginalisés et de sensibiliser et d’éduquer sur des questions telles que la migration, l’écologie et les droits humains.
Parmi les initiatives en cours, citons les plans de réflexion annuels, les retraites explorant les fondements spirituels de JPIC, les sessions de formation et la mise à jour du document d’orientation de la Congrégation sur JPIC. L’accent est mis sur l’intégration de JPIC dans la spiritualité spiritaine en tant qu’expression vécue de la vocation et du charisme spiritains.
Toutefois, le rapport reconnaît la persistance de défis. De nombreux confrères ont du mal à intégrer JPIC dans le ministère paroissial traditionnel, la considérant souvent comme abstraite ou secondaire. Les infrastructures formelles directement liées à JPIC sont limitées et la collaboration avec les partenaires de plaidoyer reste fragmentée. La communication au sein de la Congrégation sur les efforts de JPIC est également faible, ce qui limite le partage des meilleures pratiques et la motivation spirituelle.
Le CGE est invité à réfléchir et à formuler des recommandations sur la manière de réintégrer JPIC comme expression fondamentale de l’identité spiritaine et sur la manière d’agir de manière prophétique en solidarité avec les opprimés, inspirés par la justice du Christ.
Cette vision de notre appel prophétique à la justice, à la paix et à l’intégrité de la création conduit naturellement à une deuxième dimension indissociable de la mission spiritaine : le développement et la durabilité. Le même matin, cette priorité vitale a été examinée comme une pierre angulaire de l’évangélisation.
Construire la durabilité de la mission : réflexions du BCD pour le CGE 2025
Favoriser la durabilité dans la mission : la voie à suivre pour les Spiritains
Conformément aux directives du Chapitre général de 2021 à Bagamoyo, le Bureau central de développement (BCD) s’est employé activement à promouvoir une culture du développement au sein de toute la Congrégation. Sa mission principale consiste à promouvoir une vision commune du développement, à animer les structures locales, à dispenser des formations et à soutenir les capacités de collecte de fonds. Depuis 2021, des progrès remarquables ont été réalisés dans l’expansion des infrastructures de développement et l’amélioration de la formation à la gestion de projets.
Il convient notamment de noter que le nombre de bureaux de développement locaux opérationnels est passé de 6 à 22 dans toute la Congrégation, soit une augmentation de 266 %. Des provinces telles que l’Éthiopie, le Kenya et la Tanzanie servent désormais de modèles de réussite, intégrant efficacement l’expertise des laïcs, alignant les projets sur la mission spiritaine et gérant les ressources de manière transparente. Le BCD a proposé de multiples sessions de formation aux confrères, aux communautés de formation et aux collaborateurs laïcs, en particulier dans les maisons de théologie et les noviciats à travers l’Afrique. Il a également introduit des outils standardisés pour la rédaction de propositions, la planification et l’établissement de rapports, bien que leur utilisation reste inégale dans les circonscriptions.
Malgré ces progrès, des défis importants subsistent. L’accès aux fonds de démarrage pour les projets générateurs de revenus est limité et plusieurs circonscriptions ont encore du mal à se conformer aux normes de développement. Le manque de confrères formés et le flou des cadres de collaboration avec les professionnels laïcs entravent la poursuite de la croissance. De plus, les disparités dans l’accès aux organismes donateurs créent des déséquilibres dans la disponibilité des ressources au sein de la Congrégation.
Une préoccupation majeure soulignée dans le rapport est le sous-développement des projets d’autosuffisance, initiatives visant à générer des revenus pour la viabilité à long terme de la mission. Si les projets financés par des donateurs sont en augmentation, les initiatives entrepreneuriales des Spiritains restent rares en raison des coûts initiaux élevés et de l’expertise financière limitée. Comme l’indique Bagamoyo II, les deux formes de développement – action sociale et autosuffisance – sont essentielles et complémentaires.
Pour l’avenir, le BCD recommande quatre mesures : (1) aider chaque province en développement à lancer un projet générateur de revenus ; (2) intensifier la formation sur les thèmes du développement ; (3) créer un Fonds mondial de solidarité spiritaine pour les initiatives de durabilité ; et (4) intégrer la planification du développement dans les perspectives stratégiques de chaque province.
Le Conseil général élargi de 2025 invite opportunément les Spiritains du monde entier à adhérer à cette vision du développement comme expression de leur vie de disciples missionnaires. Enraciné dans la foi, la solidarité et la bonne gestion, le développement devient non seulement une fonction, mais une partie intégrante de l’engagement spiritain.
Dans l’après-midi, le CGE a consacré sa réflexion aux « Nominations missionnaires : un appel à la disponibilité guidée par l’Esprit ».
Le Chapitre général de Bagamoyo II a appelé à une approche renouvelée des nominations missionnaires, fondée sur les besoins pastoraux plutôt que sur les préférences personnelles pour un pays ou une région. Mettant l’accent sur l’ouverture, le sacrifice et le zèle apostolique, la Congrégation donne désormais la priorité aux types d’engagement pastoral plutôt qu’aux choix géographiques.
Pour la période 2022-2025, 290 nominations ont été faites, dont 75 % en dehors de leur circonscription d’origine, et la vocation des frères continue de décliner. Répondant à la vision de Bagamoyo, le Conseil général a mis à jour ses politiques, a remplacé le terme « affectation » par « nomination missionnaire » et a mis l’accent sur le soutien aux circonscriptions fragiles.
Les efforts fournis comprennent la mise à jour des lignes directrices, l’encouragement des affectations interculturelles et une coordination plus étroite en matière d’affectation. Cependant, des défis persistent : retards dans la documentation, rapports de formation manquant de clarté, réticence administrative et confrères mal préparés à leurs affectations. Les malentendus sur les attentes de la mission et le manque de suivi entravent également les progrès.
Le Guide des affectations missionnaires 2025, mis à jour, vise à combler ces lacunes en favorisant une meilleure formation, un discernement plus clair et un soutien institutionnel plus fort. En cette période charnière, la Congrégation est invitée à renouveler son identité missionnaire avec fidélité et joie, en veillant à ce que chaque affectation missionnaire devienne une réponse sacrée et durable à l’appel de l’Esprit.
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